Témoignage : Le cristal d’une enfance brisée

histoire de vie témoignage

Au début de ma toute jeune enfance dans le début des années 1960, il se trouve que j’ai été adoptée par un couple qui était porté par son très sincère désir d’enfants. Ma maman adoptive était une femme solaire et généreuse. Maman fit tout ce qui était en son pouvoir pour m’offrir une éducation pleine d’attentions et cependant stricte.

Papa était moins impliqué, même si, pour lui, avoir une petite fille était un rêve qu’il avait pensé inaccessible. Pourtant, malgré toutes ces bonnes intentions d’amour et la volonté de construire une famille équilibrée… Le bateau fit naufrage.

J’ai vu mon père sombrer dans l’alcool… Ma mère malheureuse à pleurer, essayant tous les remèdes de l’époque pour aider papa à sortir de cette addiction qui à l’époque, rappelons-le, était considérée comme un vice, un manque de volonté, pas moins. Je devais faire face à mes parents qui se déchiraient et à une famille accusant maman de tous les maux pour disculper papa de ce qui n’était pas une faute… Mais une maladie.

Maman et moi-même avons formé une équipe prête à affronter tous les combats, les affronts, les hivers sans voiture quand mes parents ont plus tard divorcé et parfois même de longues périodes où maman et moi-même avons vécu éloigné de mon père violent qui remplaçait le Bordeaux par de l’éther. Oui, la maladie alcoolique est désormais reconnue et traitée comme telle.

 Au début des années 1970, une femme et sa petite fille avaient peu de moyens pour s’échapper d’un tel enfer et d’une violence devenue ordinaire, hormis le divorce. Maman a connu le mépris, de la part de sa famille et des petits bourgeois où ceux qui la critiquaient étaient les premiers à manquer de respect à leur femme qui elles-mêmes, à l’époque, étaient rares à reconnaître les faits. D’ailleurs, auraient-elles été entendues ?

Moi-même, j’ai connu la honte d’avoir eu un père alcoolique marqué par des chutes dans les escaliers et par une déchéance qui fort malheureusement était bien prévisible.

L’alcool tue certes, mais pas uniquement sur la route. L’alcool brise le couple, la cellule familiale, écartèle les enfants lors des divorces. L’alcool divise les familles, frères, sœurs, oncles, tantes, cousins cousines… Chacun aura sa version, son avis… Les stigmates marqueront les familles pendant de longues années et à l’occasion d’un décès… Des rancœurs apparaîtront, dans tous les cas la concorde familiale sera largement entachée.

Les grands alcooliques sont souvent des personnes très intelligentes portant une blessure profonde qu’ils tenteront, à tort bien sûr, de noyer dans l’alcool. Ces êtres sont doués pour tromper leur entourage, les voler parfois même. Une fois la porte fermée et les invités partis, mon père se transfigurait en un autre homme, violent, agressif, hurlant.

J’étais terrorisée et voulais quitter cette maison qui m’avait pourtant accueillie avec la chaleur de ces murs anciens. Comment une enfant peut-elle se construire dans une telle violence ? Et pourtant, il faut vivre et trouver une raison de vivre… Je l’avais trouvée en très grande partie dans l’immense amour que nous nous portions maman et moi-même. Mais cela n’était pas suffisant pour créer l’harmonie d’une vie et réparer une enfance brisée.

Depuis quelques années, il y a des solutions, des thérapeutes comme Anne Pascard. Si votre enfant, neveu, nièce, cousin, cousine, est en proie à de telles difficultés familiales, Il faut essayer d’organiser une rencontre entre un thérapeute et l’enfant. Un tiers thérapeutique est essentiel dans les situations de violence.

Je n’ai pas eu accès à cette possibilité et le regrette sincèrement. L’intermédiaire, s’il ne s’agit pas de votre enfant directement, vous le trouverez. L’espace du temps vous apportera cette opportunité qui est indispensable à l’enfant pour qu’il engage un échange, des soins de neurofeedback dynamique ou d’hypnothérapie qui lui permettront de retrouver une paix intérieure, de poursuivre sa scolarité sans que le chaos familial ne brise complètement sa vie.

À l’époque du drame, ma seule confidente était ma maman… Qui n’était pas thérapeute.

Nous avons besoin de professionnels dans ces situations où l’écoute et la thérapie courte peuvent permettre à l’enfant de ne pas cristalliser ces grands moments d’angoisse qui vont se manifester de façon diffuse. Des peurs inexpliquées, des refus de sortir avec des camarades, un besoin d’isolement, parfois une perte d’appétit ou au contraire une compensation alimentaire.

Si ce travail n’est pas réalisé peu de temps après des événements dramatiques, plus tard et au moindre drame ou rupture, la douleur fera écho sur cet antécédent familial et n’en sera que plus difficile à soigner et douloureux à porter… Dépression lourde, voire chronique, grande tristesse, difficultés à se projeter, etc…

Alors, je tentais de survivre à toutes ces douleurs… La littérature m’a apporté un soutien immense. Sans mes livres, je serai morte de désespoir, de chagrin et de regrets d’être sur cette terre porteuse de tant d’injustices. La littérature ouvre portes et fenêtres nous faisant découvrir des perspectives inespérées… Oui, le bonheur est possible ailleurs, dans les contes, les romans, les essais, les hommes ou les femmes ne sont pas tous pris par la boisson.

Oui, nous connaîtrons des jours heureux, des amours qui ne seront pas déchirés, des promesses tenues… Mais une enfant ne peut juger qu’à l’aune de son quotidien.

La littérature est un devoir d’ouverture intellectuelle, de bonheur pour la découverte d’un autre monde. Votre enfant deviendra le spectateur d’un espace inconnu dans lequel il pourra se projeter et peut-être s’apaiser. Il observera l’ailleurs depuis sa place de jeune lecteur, il aura donc une autre place que celle assignée par sa famille… Lire, c’est le début d’une indépendance intellectuelle.

Cette lecture lui offrira une liberté illimitée qu’il pourra revisiter au fil de ses relectures de ses livres préférés, il y découvrira un monde qui ne se réduira pas aux violences familiales. Faire découvrir la lecture à un enfant, c’est lui permettre de s’affranchir des préjugés, se projeter vers d’autres horizons et œuvrer à préserver ses droits d’enfant.

Mon père est décédé quand j’avais 14 ans. Maman et moi-même avons alors connu la paix… Enfin, nous avons pu partager en toute quiétude la complicité, l’entraide, le bonheur des choses simples de la vie. Le bonheur de fêter les Mamans, les anniversaires et les choses du quotidien.

Plus tard, maman fut atteinte de la maladie d’Alzheimer. Nous avons traversé plusieurs années très difficiles. Le diagnostic avait été posé tardivement et la charge émotionnelle était lourde à porter. J’étais seule et j’avais décidé de prendre soin de maman malgré tout, de l’accompagner au bout de sa maladie, au bout du monde, au bout de la vie…

Ai-je eu un regard objectif sur le quotidien que j’allais traverser ? Sûrement pas ! J’étais juste animée par la volonté de l’aider, de l’aimer comme elle était pour ne pas la laisser sombrer dans un EHPAD sans foi ni loi. J’ai commencé à ressentir le besoin de me faire aider et j’ai fait quelques séances de Neurofeedback qui m’ont beaucoup soutenu dans un quotidien imprévisible auprès d’un être qui pouvait devenir violent, totalement irrationnel. Bref, un cauchemar au quotidien.

J’avais donné ma parole, à la vie à la mort. J’ai donc continué mon accompagnement… le prix à payer fut lourd… Déchirement familial, isolement social, impossibilité de retrouver du travail malgré les grands discours sur le rôle des aidants, début d’une maladie chronique causée par de trop faibles défenses immunitaires, des accusations terriblement abjectes, des humiliations quotidiennes et une autre maladie dégénérative. L’horreur.

Je suis allée au bout de ma mission et j’ai pardonné tout à tout le monde. À mon père alcoolique qui repose en paix. Maman est décédée dans mes bras, à la maison comme elle le souhaitait… Par un été brûlant dans la quiétude d’une chambre apaisée, celle-là même où elle était venue au monde.

J’ai pardonné à tous ceux qui refusaient le diagnostic d’Alzheimer et qui projetaient, à la place, un conflit familial, et croyez-moi cela fait du monde.

J’ignore si le bonheur existe, des instants de bonheur certainement, qu’il faut croquer et conserver dans notre cœur soigneusement comme le plus beau des cadeaux. Profitez de ces instants magiques, inespérés comme des arcs-en-ciel, profitez de votre famille, de la paix et de l’amour vrai quand vous le rencontrez.

« On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va. » Jacques Prévert.

Sincèrement vôtre,

Anne-Victoire

 

Si le témoignage d’Anne-Victoire vous inspire des thématiques que vous voudriez travailler en vous, nous pouvons cheminer ensemble. N’hésitez pas à prendre RDV pour que je puisse vous aider sur vos problématiques.

Anne Pascard – Hypnothérapeute et Praticienne en Neurofeedback dynamique à Saclay.

 

En deux clics

Prenez votre RDV directement en ligne

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *